Territoria d'or 2016 : Les Parisculteurs investissent les toits de la Capitale ! - Territoria le Blog

L'objectif est de 100 hectares ! Avec trente-trois sites expérimentaux de végétalisation et d'agriculture urbaine, pour une production escomptée de plus de 550 tonnes de fruits et légumes sur environ 5 hectares cumulés, les Parisculteurs font leurs premiers pas sur les toits, les parkings et les murs de la capitale... Une opération volontariste qui vaut à la Mairie de Paris le prix Territoria d'Or 2016, catégorie Urbanisme/Aménagement de l'espace public. Rencontre avec Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris, en charge des espaces verts, de la nature et de la biodiversité.

Les Parisculteurs, c'est une très belle aventure collective.  C'est aussi une ambition : faire de Paris un démonstrateur de la végétalisation du bâti et de l'agriculture urbaine.

Notre appel à projets va se concrétiser dès le printemps prochain. Il vise à investir les toits, les parkings, les murs, les clôtures, pour y développer une production végétale et... comestible ! 

Nous avons sélectionné 33 premiers sites qui représentent un peu plus de 5 hectares appelés à produire quelque 550 tonnes de fruits et légumes. Notre objectif, à terme, est d'atteindre une centaine d'hectares, avec des impacts positifs attendus pour l'environnement, la biodiversité, les liens sociaux, l'économie circulaire, l'alimentaire...

Des toits de l'Opéra Bastille...

Les projets retenus recouvrent une large palette de techniques et d'usages du végétal et de l'agriculture urbaine : aquaponie, permaculture, vergers, champignonnières, cultures en bacs, plantes grimpantes et descendantes, etc.

Les sites aussi sont très divers. Un des plus emblématiques sera sans doute l'Opéra Bastille, avec quatre toits-terrasses - pour une surface cumulée d'environ 5000 m2 - qui accueilleront une ferme maraichère de fruits, légumes, plantes aromatiques et fleurs comestibles et même une houblonnière avec une production de bière sur place !

Au total, nous avons recueilli 140 propositions émanant de particuliers, de collectifs, d'architectes, de paysagistes, d'agriculteurs dont les dossiers ont été sélectionnés par une commission technique puis par un jury pour aboutir à un lauréat pour chaque site. Chacun va maintenant déployer son projet d'agriculture soit productive, soit pédagogique, soit participative, pour être opérationnel en 2017-2018 selon les projets. Certains peuvent aller assez vite, s'agissant de production de pleine terre. Ce pourra être un peu plus long lorsqu'une autorisation d'urbanisme est nécessaire, pour déployer des serres par exemple.

... au réservoir de Grenelle

Un programme comme celui-ci, ce n'est pas un gadget. Ce n'est pas pour faire joli. C'est réellement pour introduire des productions agricoles dans la ville. Ce sera le cas, autre exemple, avec le réservoir de Grenelle dans le 15e arrondissement où un projet d'exploitation aquaponique sera développé sur deux bassins, pour une production maraichère mais aussi de poissons (perches et carpes), avec un débouché notamment sur le marché de la rue de la Convention tout proche. 

Le but n'est évidemment pas de rendre Paris autonome en terme d'alimentation ! Mais c'est de travailler avec les agriculteurs de la petite et de la grande couronne, en leur donnant la possibilité d'étendre leur exploitation sur nos toitures, sur certains de nos espaces parfois inattendus mais finalement adaptés... Nous voulons favoriser l'introduction de leur production dans Paris puisque les Parisiens sont très demandeurs de produits agricoles en circuit court. 

Nous allons lancer une deuxième version des Parisculteurs l'an prochain, en direction notamment des co-propriétés. Ce sont-là des réponses concrètes aux défis écologiques, économiques et alimentaires que doivent relever les villes et les métropoles.

Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris, en charge des espaces verts, de la nature et de la biodiversité.

Pour aller plus loin

> Lire le dossier de presse des Parisculteurs

> Découvrir les 33 projets sur le site des Parisculteurs et sur le site de la Ville de Paris 

> Les Parisculteurs dans la presse, avec Le Monde, Le Journal du dimanche, Europe 1, France Inter

> Visionner une vidéo de présentation de l'opération

Petit glossaire

A l'évidence, Paris, ce n'est pas la Beauce et les Parisculteurs n'ont pas l'agriculture productiviste des années 50-70 pour modèle ! Les 33 premiers projets développeront des modes culturaux originaux adaptés aux sites retenus et qui... méritent quelques précisions sémantiques empruntées ici au dossier de presse de Parisculteurs.

Aéroponie : technique culturale sans substrat solide (sol) ni liquide (solution nutritive), consistant à nourrir les plantes par un brouillard nutritif, eau et nutriment en brumisation, diffusé en milieu fermé.

Aquaponie : système de production combinant aquaculture (élevage d’animaux aquatiques, souvent poissons), hydroponie (culture de plantes hors-sol, souvent légumes), et bactéries nitrifiantes en circuit fermé où les déjections des animaux aquatiques sont filtrées par les bactéries et utilisées pour fertiliser les plantes.

Butte permanente : support cultural construit en apportant entres autres du compost et des déchets organiques, sans travail du sol, souvent utilisé en permaculture. Ce type de butte peut notamment se présenter en lasagne de permaculture, support cultural issu de l’empilement alterné de “couches brunes” riches en carbone (paille, feuilles mortes) et “couches vertes” riches en azote (tonte, feuilles vertes)

Champignonnière : lieu de culture de champignons, idéalement sombre et humide. Cette culture était répandue dans la banlieue parisienne notamment dans des caves, et effectuée sur du fumier de cheval urbain. Aujourd’hui, la majorité de la production est réalisée dans des hangars réfrigérés. Elle peut aussi être effectuée sur des substrats enrichis en marc de café dans des parkings et autres types de sous-sols.

Hydroponie : technique culturale sans sol où les plantes sont nourries par une solution nutritive (eau enrichie en éléments minéraux) en circuit fermé. Les racines sont sur un support de culture inerte irrigué ou directement dans la solution nutritive.

Permaculture : système conceptuel inspiré du fonctionnement des écosystèmes naturels, élaboré en Australie dans les années 70, visant la durabilité.

Phytorémédiation : utilisation de plantes, algues ou champignons pour stabiliser, abattre ou extraire des polluants dans le sol ou dans l’eau.

Parmi les sites emblématiques retenus : les toits-terrasses de l'Opéra Bastille accueilleront une ferme maraichère.